Les impensés de la mesure et les limites du ciblage des pauvres : Cas du programme Tayssir
DOI :
https://doi.org/10.34874/IMIST.PRSM/refeco-i3.51082Résumé
Cet article propose une évaluation qualitative du ciblage des politiques sociales en prenant l’exemple de la mise en œuvre du programme Tayssir à Chefchaouen. A partir d’un travail ethnographique au sein des différentes administrations concernées (préfectures, bureaux de la Poste, établissements scolaires), la focale de recherche est mise sur le point de vue des acteurs, leurs représentations et leurs pratiques. Cette focalisation sur les interactions aux guichets permet d’élaborer une analyse localisée de la production des droits et de leur effectivité à travers la restitution des parcours administratifs et des routines bureaucratiques. Ce qui permet de restituer les phénomènes processuels négligés par les indicateurs chiffrés tels que le coût administratif de mise en œuvre du programme et les écarts entre le sens souhaité, décrit par les normes de procédures et le sens vécu et approprié par ses ressortissants et ses agents administratifs.
Du point de vue des bénéficiaires, les différentes déclinaisons de l’offre sociale induite par les différentes modalités de ciblage brouillent la réception du programme et son appropriation. La logique comparative et comptable des essais randomisés prend le pas sur les objectifs mêmes du programme en saturant les capacités des structures administratives locales. Le phénomène de non recours aux droits, permettant de renseigner sur les personnes éligibles et non bénéficiaires, donne des pistes de recherche interdisciplinaire.