Les Sciences de Gestion au service du développement économique et territorial
PREAMBULE
Le développement économique et territorial est aujourd’hui au cœur des préoccupations des pouvoirs publics, des collectivités locales, des acteurs économiques et de la société civile. Il constitue un enjeu stratégique majeur face aux défis contemporains : mutations industrielles, transitions écologiques et numériques, crises sanitaires ou géopolitiques, fragmentation socio-spatiale, pression foncière, montée des inégalités territoriales et aspirations citoyennes à une gouvernance plus participative et inclusive.
Les territoires, qu’ils soient urbains, périurbains, ruraux ou ultramarins, ne sont plus de simples réceptacles passifs des politiques nationales. Ils deviennent des acteurs stratégiques de leur propre développement, dotés de capacités d’innovation, de résilience et de pilotage. Dans un contexte de décentralisation renforcée, de raréfaction des ressources publiques et d’injonctions à la performance, il leur est demandé de concevoir, mettre en œuvre et évaluer des politiques publiques territorialisées à fort impact économique, social et environnemental.
Or, penser le développement territorial comme un processus dynamique, complexe et multidimensionnel suppose de mobiliser des outils conceptuels et opérationnels capables de prendre en compte la diversité des acteurs, des ressources, des contextes et des échelles d’action. C’est précisément dans cette perspective que les sciences de gestion offrent une contribution précieuse, trop souvent sous-exploitée dans l’analyse des dynamiques territoriales.
Initialement centrées sur l’entreprise, les sciences de gestion se sont progressivement ouvertes à la compréhension des systèmes territoriaux, en apportant des clés de lecture sur la gouvernance, la stratégie, la gestion de projet, l’évaluation, la conduite du changement, l’innovation organisationnelle, la gestion des ressources humaines et la création de valeur. Appliquées aux territoires, elles permettent de concevoir des modèles d’action intégrés, adaptatifs, collaboratifs et orientés résultats.
Ce numéro spécial de la revue IRMELR vise ainsi à questionner les apports théoriques, méthodologiques et empiriques des sciences de gestion dans le champ du développement économique territorial, en tenant compte des spécificités des contextes locaux et des mutations en cours. Il encourage le croisement des disciplines (économie, géographie, urbanisme, sociologie, science politique, droit, etc.), la diversité des niveaux d’analyse (du micro-projet local au méso-réseau régional et aux stratégies nationales ou transfrontalières), ainsi que la pluralité des terrains (villes, régions, territoires ruraux, zones en reconversion, territoires d’innovation…).
L’ambition est double :
- Fédérer une communauté de chercheurs et de praticiens autour d’un objet commun : le management territorial en tant que levier de développement économique durable, inclusif et résilient.
- Contribuer à l’élaboration de référentiels scientifiques et pratiques permettant aux acteurs territoriaux de mieux comprendre et piloter leurs politiques de développement, dans une logique d’efficience, d’impact et de soutenabilité.
En s’inscrivant dans une approche à la fois critique, constructive et prospective, ce numéro entend ainsi nourrir le débat académique et opérationnel autour d’une question centrale :
Comment les sciences de gestion peuvent-elles accompagner la transformation des territoires dans un monde en recomposition ?
CADRAGE EPISTEMOLOGIQUE
L’étude du développement économique et territorial implique une approche interdisciplinaire, au croisement de l’économie, de la géographie, de la science politique, de la sociologie et du droit. Dans ce paysage scientifique, les sciences de gestion occupent une place singulière et de plus en plus stratégique, car elles proposent des outils, des méthodes et des cadres d’analyse directement orientés vers l’action, la prise de décision et le pilotage des transformations.
Les sciences de gestion permettent de décrypter la complexité des dynamiques territoriales à travers plusieurs prismes fondamentaux :
- Un regard centré sur l’action organisée
Les territoires ne peuvent plus être pensés comme de simples espaces géographiques ou administratifs. Ils doivent être compris comme des systèmes d’action organisés, traversés par des logiques de coopération, de conflit, de régulation, d’apprentissage et de négociation entre une multitude d’acteurs (publics, privés, associatifs, citoyens).
Les sciences de gestion permettent ainsi d’analyser les logiques de structuration et de coordination des acteurs territoriaux, les mécanismes de gouvernance, les jeux de pouvoir, les processus décisionnels, et les tensions entre pilotage stratégique et gestion opérationnelle.
- L’apport des théories organisationnelles et stratégiques
Les territoires, à l’instar des organisations, peuvent développer des avantages compétitifs s’ils parviennent à mobiliser efficacement leurs ressources, à structurer leurs compétences collectives et à se différencier par des stratégies adaptées à leur environnement. À ce titre, plusieurs cadres théoriques peuvent être mobilisés :
- La théorie des ressources et compétences (Barney, Penrose) permet d’interroger comment les territoires valorisent leur capital immatériel (image, savoir-faire, réseaux, identité territoriale) dans une logique de développement durable.
- La théorie des parties prenantes (Freeman) ouvre la voie à une analyse des processus de concertation, d’inclusion et de légitimation des actions territoriales.
- La théorie institutionnelle (North ; DiMaggio & Powell) invite à comprendre comment les normes, les routines, les règles du jeu formelles et informelles structurent l’action des acteurs locaux et conditionnent la capacité d’innovation ou de transformation des politiques publiques.
- Le management stratégique et public permet de décrypter les mécanismes de formulation, d’implémentation et d’évaluation des stratégies territoriales, tout en tenant compte des contraintes liées à la sphère publique (pluralité des objectifs, logique de service public, pression citoyenne…).
- Des outils au service du pilotage et de la performance
Les sciences de gestion ne se limitent pas à un rôle analytique. Elles fournissent aussi des outils concrets de pilotage et d’aide à la décision, essentiels dans le contexte de raréfaction des ressources publiques et de quête d’efficacité des politiques territoriales :
- Outils de diagnostic stratégique (SWOT, PESTEL, matrices de ressources, benchmarks),
- Tableaux de bord de performance territoriale,
- Méthodes d’évaluation de l’impact des politiques publiques (ex ante, in itinere, ex post),
- Dispositifs de contrôle de gestion, de gestion prévisionnelle et de planification.
Ces instruments favorisent une approche managériale de l’action publique, sans pour autant réduire la complexité des enjeux territoriaux à des logiques purement technocratiques.
- Une ouverture vers les transformations contemporaines
Les sciences de gestion permettent également d’aborder les grands enjeux transversaux qui traversent les territoires aujourd’hui :
- L’innovation organisationnelle et sociale, qui interroge les nouvelles façons de produire de la valeur (co-création, économie collaborative, modèles hybrides).
- La transition numérique, qui modifie en profondeur les modes de gouvernance, les formes d’interaction entre les acteurs et les méthodes de gestion (gouvernance algorithmique, smart data territoriale, participation numérique).
- Le développement durable et la RSE territoriale, qui nécessitent une gestion systémique, responsable et multi-échelles de l’action publique.
- La transformation des modèles de gestion publique à travers les évolutions du New Public Management (NPM), ses critiques, et les approches alternatives fondées sur la gouvernance collaborative, la gestion par la confiance, ou encore le management post-bureaucratique.
- Une diversité de postures épistémologiques
Ce numéro spécial est également ouvert à la pluralité des épistémologies présentes en sciences de gestion. Sont les bienvenues :
- Les approches positivistes, fondées sur l’explication causale, la modélisation et les méthodes quantitatives,
- Les approches interprétatives, qui privilégient la compréhension des logiques d’acteurs, l’analyse qualitative et l’immersion contextuelle,
- Les approches critiques, qui interrogent les effets de domination, les idéologies managériales et les asymétries de pouvoir dans les pratiques de développement territorial,
- Les approches constructivistes et pragmatiques, qui visent à co-construire des connaissances avec les acteurs, dans une logique de recherche-action ou de design territorial.
AXES DE SOUMISSION
- Sciences de gestion et action publique territoriale
- Études sur la professionnalisation des fonctions de gestion dans les collectivités locales.
- Analyse de dispositifs de gestion stratégique territoriale (schémas de développement, plans stratégiques, contrats programmes, etc.).
- Rôle des outils de gestion (tableaux de bord, budgets participatifs, audits territoriaux) dans la conduite du changement au niveau local.
- Stratégie territoriale, attractivité et durabilité
- Études de cas sur les politiques de marque territoriale, les stratégies d’image, la valorisation des atouts locaux.
- Analyse des spécialisations économiques régionales (clusters, pôles de compétitivité, hubs d’innovation).
- Approches intégrées du développement durable : comment les logiques de responsabilité territoriale s’articulent-elles avec la stratégie économique ?
- Management public local et performance organisationnelle
- Quels indicateurs pour mesurer la performance des services publics territoriaux ?
- Quelles innovations en matière de pilotage de la performance publique ?
- Retour critique sur les effets des réformes inspirées du New Public Management : effets pervers, hybridations, résistances, expérimentations alternatives (gouvernance horizontale, partenariats public-privé, etc.).
- Évaluation des politiques et projets territoriaux
- Comparaison des méthodes d’évaluation ex ante, in itinere et ex post.
- Intégration des parties prenantes dans l’évaluation (évaluation participative, délibérative, citoyenne).
- Études sur la traçabilité des résultats, les chaînes de valeur publique, les impacts socioéconomiques et environnementaux.
- Innovation et transformation territoriale
- Innovations sociales ;
- Rôle des technologies numériques (smart cities, gouvernance data-driven, plateformes territoriales) dans les politiques de développement.
- Études sur la transition écologique et énergétique via les prismes organisationnels et managériaux.
- Entrepreneuriat territorial et écosystèmes
- Cartographie des écosystèmes entrepreneuriaux territoriaux.
- Études de cas sur l’émergence de clusters, fablabs, incubateurs, tiers-lieux, pôles d’innovation territoriale.
- Analyse des politiques de soutien à l’entrepreneuriat local et à l’investissement et leur cohérence avec les spécificités territoriales.
- Perspectives internationales et comparatives
- Études croisées sur des territoires ayant connu des trajectoires de transformation inspirantes.
- Analyse des politiques de développement économique dans les Suds, dans les territoires enclavés ou fragiles, ou en contexte post-crise (post-conflit, post-catastrophe).
- Transferts d’innovation entre territoires, apprentissages croisés, benchmarking territorial.
- Méthodologies de la recherche en gestion territoriale
- Défis et apports de la recherche-action, de la recherche partenariale, de l’approche design-based, de la cartographie systémique.
- Réflexion sur les postures du chercheur engagé, praticien-chercheur, consultant-chercheur.
- Contributions sur la co-construction des savoirs avec les acteurs locaux.
EVALUATION DES ARTICLES SOUMIS
Tout article adressé à la revue est évalué à l’aveugle par au moins deux membres compétents du comité de lecture. Les résultats de l’évaluation de l’article permettent au comité de rédaction de prendre la décision finale qui sera transmise à l’auteur.
MODALITES DE SOUMISSION
Les chercheurs sont appelés à soumettre leurs articles en ligne dans la rubrique soumettre un article du site de la revue :
https://revues.imist.ma/index.php/IREMLR/about/submissions
Langues de soumission : Arabe, Français, anglais et espagnol
La date limite de soumission est : le 30 novembre 2025
Pour toutes informations complémentaires prière de contacter l’éditeur de la revue sur l’adresse mail suivante : iremlreview@gmail.com
INSTRUCTIONS AUX AUTEURS :
Les articles publiés dans la Revue IRMELR doivent être conceptuellement rigoureux et écrits de façon à être accessibles aux lecteurs avertis non spécialistes de telle discipline. Ils doivent mettre en valeur le caractère original et les implications managériales du sujet traité.
Langues de soumission : Arabe, Français, anglais et espagnol
Vos articles (textes complets) doivent être soumis impérativement sur la rubrique « soumettre un article ».
Les articles déposés sur la plateforme doivent être anonymes. Ils doivent, sauf exception à justifier d’une longueur de 20 pages (soit un total de 30 000 caractères, espaces non compris). Ils comprennent une bibliographie finale d’une longueur maximum d’une page, ou 1 500 caractères, et un résumé de présentation de 500 caractères de la contribution. Le résumé ainsi que le titre doivent être donnés en langue d’origine et en anglais.
Les textes proposés ne comportent que les développements théoriques et méthodologiques nécessaires à la compréhension et à l’évaluation des propositions et résultats.
De plus :
La revue de littérature doit être concise et présentée de façon synthétique.
La méthodologie de recherche doit être présentée sous forme d’un encadré de 1 500 caractères maximum.
Les auteurs assument toute responsabilité quant aux plagiats détectés ultérieurement.
Les indications de format à respecter par les auteurs se présentent conformément aux indications suivantes :
Première page :
Titre de la contribution
(Times new roman, gras, 16)
Résumé : Il doit donner une synthèse du contenu de l’article. Il ne doit pas dépasser 500 mots. Il doit être écrit avec la police Times New Roman de taille 11 (500 caractères maximum). Vous pouvez écrire directement sur ce Template pour que le format soit conforme aux consignes.
Mots-clés : 3 à 6 mots clés séparés par des virgules (Mot clé1, Mot clé2, Mot clé3,…).
Abstract : Résumé en Anglais
Keywords :
Deuxième page et suivante :
Titre 1 : en Times 13 gras et en petites majuscules
Titre 2 : deux chiffres (1.1. par exemple), sous-titres en Times 12 gras souligné
Titre 3 : trois chiffres (1.1.1. par exemple), sous-titres en Times 12 gras et italique
(Pas de 4ème niveau de sous-titre)
L’article peut être rédigé en Arabe, en Français, en anglais ou en espagnol. Pour que votre texte soit conforme à ce Template, vous pouvez y copier directement votre contenu.
Voici les critères de rédaction de votre article pour
Les articles doivent, sauf exception à justifier d’une longueur de 20 pages (soit un total de 30000 caractères, espaces non compris). justifié, interligne 1.5, caractère Times New Roman, 12. Pas de mots en gras, seuls les extraits retranscris de discours d’étude sont en italique « entre guillemets » ; les citations sont « entre guillemets » et la page est indiqué ; il est nécessaire d’introduire chaque partie et sous-partie, pas d’espacement ni de saut de ligne, les sigles sont à développer, le texte doit être paginé (en bas à droite) ;
Notes de bas de page : Les notes de bas de page sont numérotées et ne doivent pas excéder le nombre de pages de l’article. (Times New Roman, 10, interligne simple, justifié).
Les articles ne comportent pas d’annexes. Les tableaux, schémas, et autres ajouts sont à insérer dans le corps du texte. Ils doivent être en nombre limité dans le corps du texte. Ils doivent correspondre à une production de l’auteur. Ils sont numérotés et placés dans le corps du texte avec un titre (Times New Roman, 10, interligne simple, souligné, centré) au-dessus du tableau ou de la figure (Tableau 1 : Résultats de l'enquête).
Tableau 1 : Résultats de l'enquête)
Les figures seront centrées. Le titre sera précédé de la mention « Figure », suivi du numéro de la figure dans l’article, puis son intitulé (Times New Roman, 10, interligne simple, souligné, centré). La légende d’une figure est placée au-dessus (voir l’exemple figure 1).
Figure. 1 Exemple de légende d’une figure
Les références sont à signaler dans le texte (Giddens, 2005) ; pour la pagination en cas de citation uniquement. Toutes les références du texte doivent être précisées à la fin de l’article.
Format des références : les références doivent être citées dans le corps du texte ainsi : Mintzberg (1994) ; Koenig (1996).
- pour un ouvrage : Nom de l’auteur et initiale du prénom (date de publication). Titre de l’ouvrage, Editeur, Lieu d’édition. (Ex : Watzlawick P., Dir. (1988), L'invention de la réalité, Contributions au constructivisme, Paris, Editions du Seuil).
- pour un article : nom de l’auteur et initiale du prénom (date de publication). « Titre de l’article », Titre de la revue, vol. x, n° x, mois de publication, p. x-y,(Ex : Rabin M. (1993), Incorporating Fairness into Game Theory and Economics, American Economic Review, vol.83, n°5, p. 1281-1302).