Apport des études urbaines aux études migratoires : D’aventurier à habitant ou (re)prendre place par le travail à Bab Chellah, Rabat (Maroc)
DOI :
https://doi.org/10.48343/IMIST.PRSM/geodev-v7.16415Mots-clés :
urbanité - espaces publics - pratiques sociales - genre - migrationRésumé
Cet article explore le rapport à leur environnement social des vendeurs ambulants subsahariens installés en centre-ville de Rabat, par le biais de l’articulation du travail avec le tissage d’une condition urbaine. L’expérience de violences extrêmes, la pénibilité des conditions de travail et des conditions de logement dégradantes empêchent les vendeurs de rue de se sentir pleinement habitants de Rabat, faisant du slogan « travail et maison » le pivot de leur quotidien. Mais cette conception réductrice de leur quotidien est contredite par le constat de liens sociaux avec la diaspora subsaharienne et les Marocains. Il s’agit là d’un paradoxe, puisque leur projet de vie, décrit comme individuel, se nourrit des valeurs d’entraide propres au commerce et au projet migratoire. Les vendeurs ambulants profitent donc des ressources collectives mais acquièrent le sentiment d’habiter seuls la ville, exclus de ses ressources. Le travail devient donc le cœur même de leur urbanité du fait de leur visibilité en espaces publics, espace d’expression de leurs compétences sociales : c’est par le travail que les vendeurs ambulants subsahariens deviennent habitants malgré eux.