Contes zénètes du Maroc oriental. El-Aioun Sidi Mellouk, région d’Oujda. Tribu d’Iḥedduyen
Résumé
Le présent article présente trois contes amazighs recueillis dans la région du Maroc oriental et,plus précisément, dans la tribu d’« Iḥeddouyen », située au sud d’El-Aioun Sidi Mellouk. Ces
contes renferment différentes morales qui renvoient à la vie traditionnelle de ces habitants en
particulier et des Marocains en général.
Le premier conte relate l’histoire du hérisson et de l’hyène (mâle dans le conte). Cette
dernière trahit le hérisson en l'abandonnant dans un silo et en tentant de dévorer ses petits.
Mais le hérisson s'en sort grâce à sa ruse.
Le deuxième raconte le sort d’une femme égoïste qui a décidé de ne pas partager sa trouvaille
(une hase) avec ses voisins qui, à leur tour, ont préparé un bon dîner sans l’inviter. Mais elle
n'a pas retrouvé l’animal à la place où elle l'avait laissé en revenant à sa maison avec une
faucille pour couper le jujubier autour de lui afin de l’attraper. A la fin de l'histoire, l’hyène a
dévoré cette femme après l'avoir emmenée dans sa tanière.
Quant au troisième conte, il s’agit de l’histoire d’une femme qui déclare à son mari qu’elle ne
sort pas de sa maison pour n'être vue de personne et qu’elle ne mange que des oeufs de faucon.
C'est « lḥažba », mot emprunté par le berbère à arabe, qui a un double sens : la dame qui ne
sort pas de chez elle et la femme voilée. Le mari, qui était naïf, s'évertuait à aller chercher ce
qu'elle demandait. Un charmeur de serpent, « aϊssaoui », qui passait sur son âne, est venu
chanter des chansons devant sa porte. Elle a chanté avec lui et il l'a séduite. Quelques jours plus tard, son mari, parti en chasse d'oeufs de faucon, rencontra le charmeur de serpents qui
allait à la rencontre sa femme. Il se déclara désolé de ne pouvoir rien lui offrir et que sa
femme ne pouvait le faire à sa place car elle ne sortait et ne voyait personne d'étranger. Le
charmeur de serpents fut surpris et le contredit. Ils entrèrent en polémique et le charmeur de
serpent lui proposa de se cacher dans un bissac sur son âne pour voir ce qu'allait faire sa
femme avec lui. La ruse fut exécutée. Le mari assista à toute la scène. Le charmeur de serpent
une fois parti, le mari retourna vers sa femme qui lui demanda où étaient les oeufs. Elle tomba
morte de honte lorsque son mari lui fit comprendre, au moyen de tournures de langage
métaphoriques, qu'il avait découvert sa trahison.