Etats de mal épileptiques dans un hôpital de référence à Ouagadougou (Burkina Faso)
Résumé
Introduction : L’état de mal épileptique (EME) est la forme la plus grave de l’épilepsie, du fait de sa lourde mortalité et de son pronostic fonctionnel encore péjoratif, en particulier en Afrique sub saharienne. Afin de contribuer à inverser cette tendance, nous avons réalisé la présente étude dans le but de déterminer les aspects cliniques, étiologiques et pronostiques des états de mal épileptiques, dans un hôpital de référence à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Méthodologie : Il s’est agi d’une étude prospective transversale descriptive et analytique, menée de janvier 2015 à juillet 2019. L’étude a porté sur les patients hospitalisés au Centre Hospitalier Universitaire de Tingandogo, à Ouagadougou pour EME durant la période d’étude. Les caractéristiques sociodémographiques, cliniques, paracliniques, étiologiques et évolutives des patients ont été analysées. Une analyse bivariée a permis d’identifier les liens entre les caractéristiques des patients et la mortalité intra hospitalière, avec p < 0,05 comme seuil de signification statistique.
Résultats : Nous avons colligé 60 cas. Dans 76,6% des cas, l’EME est survenu chez des patients qui n’avaient pas antécédents d’épilepsie. L’EME convulsif tonicoclonique généralisé d’emblée et l’EME focal avec bilatéralisation convulsive ont été les formes cliniques les plus fréquentes avec respectivement 41,4% et 25,9%. La durée moyenne de l’épisode d’EME était de 27 +/- 43 heures. Les étiologies aigues avec 76,7% des cas ont été les plus représentées ; elles étaient dominées par les causes infectieuses aigues (46,7%) et cérébrovasculaires aigues (15 %). Les étiologies subaiguës ou séquellaires ont représenté 23, 3% avec principalement des séquelles d’AVC et de traumatisme crânien. La durée moyenne d’hospitalisation était de 12,3 jours. A l’issue de l’hospitalisation, 15% des patients avaient un handicap sévère et 13,3 % étaient décédés. Une durée d’hospitalisation > 10 jours (p=0,04) et une étiologie infectieuse (p=0,03), étaient associées à une augmentation de la mortalité intra hospitalière.
Conclusion : le profil clinique des EME est dominé par les formes tonico clonique d’emblée et focale avec bilatéralisation convulsive secondaire. Les infections aigues du SNC ou systémiques et les lésions cérébrales non aigües ou séquellaires en sont les principales étiologies. Le pronostic précoce reste défavorable. Les EME prolongés et les causes infectieuses augmentent les risques de décès précoce. La lutte contre les maladies infectieuses et une prise en charge précoce et adéquate des EME, contribueront à réduire l’ampleur de cette affection en Afrique sub saharienne.
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PDFISSN Print : 2550-4215